Delhi Capitale
Passionnée par la culture et l'histoire de l'Inde depuis de nombreuses années, je me laisse souvent tenter par des titres qui évoquent ce pays: romans, essais, albums jeunesse ou BD.
J'ai aussi une correspondante vivant à Delhi, je n'ai donc pas choisi ce livre par hasard, c'était l'occasion d'en apprendre davantage sur cette mégapole indienne.
Rana Dasgupta
Merci à Babelio et aux éditions Buchet . Chastel, 2016
Delhi Capitale est un récit puissant et lyrique qui embrasse à la fois les origines et les implications de l’explosion urbanistique et démographique de Delhi.
De capitale à capitalisme il n’y a qu’un pas, et c’est cette métaphore que file avec érudition et talent Rana Dasgupta : il dresse ici un portrait saisissant de la mégapole, et de l’arrogante classe aisée qui la domine aujourd’hui.
[...] À la fois balade littéraire et réflexion philosophique, Delhi Capitale se démarque très nettement des récits de voyage comme des pamphlets militants pour développer une complexité de réflexion aussi vertigineuse que les espaces urbains évoqués.
"Mars est le mois le plus joli à Delhi, il pare de floraisons immaculées les austères frangipaniers..."
Certaines réalités de Delhi sont ici décryptées, à travers des témoignages (des discussions privées) et des analyses de l'auteur, tentant d'expliquer la manière dont elle a évolué, revenant sur les évènements marquants de son histoire, ses multiples traumatismes, évoquant le contexte politique, présentant une société contrastée, ayant évolué très vite. Trop vite? C'est une question qui est d'ailleurs soulevée.
Une écriture de qualité, un contenu intéressant et sérieusement documenté, tout s'articule bien, c'est même assez prenant. Malgré mon intérêt pour les sujets abordés, la lecture m'a demandé une concentration importante, tolérance presque zéro pour les distractions extérieures et il m'a fallu plusieurs semaines pour atteindre les dernières pages.
J'ai ressenti le besoin de faire de nombreuses pauses, car c'est une lecture qui a un peu heurté ma sensibilité: de nombreux passages sont durs, poignants et ont provoqué tristesse et révolte intérieure pour ces populations manipulées et spoliées, pour tous les exclus, expropriés au nom de l'urbanisation et du capitalisme.
Sensation de dégoût aussi devant la corruption, la violence urbaine ou celle faite aux femmes dans leur quotidien, et les existences médiocres de cette classe aisée vivant dans un luxe écœurant.
Je n'ignorais pas toutes ces horreurs, mais entrer dans les détails, à travers des témoignages, ça prend vraiment aux tripes.
L'auteur n'épargne pas le lecteur, mais il le fait avec une certaine objectivité, et incite à une profonde réflexion sur une variété de sujets.
La beauté de Delhi s'efface presque devant ce portrait si pessimiste, de mon point de vue. J'attendais un peu plus de la conclusion, qu'elle vienne nuancer ce qui a été dit, en ouvrant d'autres perspectives. Je me suis finalement laissée porter par la Yamuna.
Découvrir Delhi sous cet angle était éprouvant par certains aspects mais captivant.
Commentaires
Je ne suis pas sûre que ce serait bien pour moi ça ^^
Disons que ça reflète bien le monde dans lequel on vit, c'est une réalité. Avec le recul, c'est encore plus effrayant. A petite dose, peut-être, c'est quand même un livre intéressant.