La guerre civile est déclarée
Christophe Paviot
Merci aux Éditions Dialogues pour cette découverte.
mai 2013
Arnaud est un jeune rennais de 28 ans, bien intégré socialement et professionnellement: une copine, une bande d'amis, un travail mais il étouffe, il vit dans la peur de ne pas tout contrôler, et cette société qui ne laisse aucune bouffée d'oxygène... Il va tenter d'y remédier, seul mais bien résolu à mener ses propres actions, pris par cet engrenage infernal qui le pousse à aller toujours plus loin.
"Cet homme a peur. Non pas de l’inconnu, mais de ce qu’il connaît trop bien : la tyrannie du lieu de travail, les lâchetés diverses de ses congénères, la ruine programmée de l’humanité. Pourtant, il est bien inséré dans la société. Mais en apparence seulement. Car Arnaud suffoque. Il crève de cette incandescence qui brûle ses forces : la peur. La peur qu’il veut faire basculer dans le camp adverse. Autonome. Grain de sable. Décidé à affronter, seul, les forces, les règles et les rouages de notre société. Ni ses parents, ni sa copine Estelle, ni ses relations ne peuvent soupçonner sa détermination. A Rennes, cadre urbain de ce roman de la rupture, Arnaud, depuis longtemps, travaille à son invisibilité. A son effacement. Aucune aspérité, aucun caractère distinctif. Camouflage maximum. « Je sais déjà que je vais tromper la vigilance des autorités. Elles pourront bien me traquer. Je suis invisible. »
La grenade est armée, la goupille est chaude dans sa main, le décompte est entamé." 4ème de couv'
Pourquoi avoir choisi de lire ce livre? J'ai été attirée par le thème, la couverture et le fait que l'histoire se passe à Rennes. Les lieux m'étant familiers, j'avoue que ça fait une drôle d'impression.
Un roman qui décape!
250 pages qui se lisent vite et en même temps qui pèsent sur le lecteur. La guerre civile est déclarée, n'est pas un roman optimiste. Le personnage d'Arnaud est inquiétant, on s'interroge sur sa santé mentale et ses réelles motivations. On se demande comment il en est arrivé là, et on imagine sans peine jusqu'où il sera capable d'aller. Je n'ai pas été tellement surprise par la fin, un petit peu déçue du coup.
Il y a des passage à la troisième personne, d'autres à la première qui évoquent ses souvenirs, son vécu ou ses pensées. Certains messages sont intéressants, mais quelques passages m'ont un peu ennuyée.
L'atmosphère est donc sombre, bien glauque. L'univers d'Arnaud n'est pas plaisant: il trouve la plupart de ses amis ennuyeux, au travail il déteste son rôle, il dénonce intérieurement ce qu'il a sous les yeux mais il se tait, encaisse et fait semblant. C'est juste effrayant. Le personnage n'est pas vraiment attachant, j'ai eu du mal parfois à le comprendre
Une écriture incisive, parfois dérangeante, qui ne manque pas d'intérêt, ne laisse pas indifférent et pousse à la réflexion sur notre société et sa capacité à mettre des bombes dans la tête des gens. Toutes n'explosent pas mais lorsqu'on utilise la peur pour mieux contrôler les foules, on peut s'attendre à ce que ça dégénère.