La jeune fille suppliciée sur une étagère
Akira Yoshimura
Elle a seize ans, elle vient de mourir. Allongée sur un tatami, elle voit deux hommes arriver et offrir de l'argent à ses parents. Par-delà la mort, elle observe alors ce qu'il advient de son corps vendu à la science. Eichi et Sone se retrouvent par hasard. Voisins dans l'enfance, ils vivaient près d'un cimetière ouvert à tout vent, un fantastique terrain de jeux où ils faisaient parfois de terrifiantes découvertes. Mais Sone a déménagé à la mort de son père et personne n'a su ce qu'il était devenu... Deux magnifiques récits à travers lesquels Yoshimura fait preuve d'une remarquable modernité d'écriture. Pour aborder le thème de la mort sans jamais se laisser gagner par le sinistre ou le morbide, il atteint une pureté de style dont la sonorité cristalline fait écho à l'étrangeté de son univers.
Passé un moment de dégoût lors de l'autopsie (à éviter au moment de la digestion) c'était un bon moment de lecture. Finalement, cette scène m'a légèrement rappelé une des nouvelles de Stephen King du recueil Tout est fatal mais avec, plus de finesse dans les descriptions.
Sans compter qu'on ne tombe jamais vraiment dans le registre de l'horreur. C'est peut-être ce réalisme qui m'a le plus brassée au départ.
Avec Stephen King on arrive toujours à se rassurer en se disant que de toute manière on est là pour se faire peur! Ici ce n'est pas le cas, alors ça fait tout drôle.
Le deuxième nouvelle est empreinte de fantastique mais semble toujours contourner tout ce qui a trait à ce genre. Le destin des personnages semble alors inéluctable, comme une espèce de fatalité. Insaisissable. J'ai noté cette description qui illustre à mon avis mes propos.
"Une vallée ondulait doucement à perte de vue. Et ces ondulations étaient recouvertes d’innombrables pierres tombales serrées les unes contre les autres par petits groupes. Celles qui se trouvaient sur les pentes exposées au soleil étaient claires comme dans une carrière, tandis que dans les creux elles paraissaient vert sombre, comme recouvertes de mousse. Et elles se fondaient à ce point dans l’élément naturel environnant qu'elles étaient bien éloignées de toute notion d'artificiel".