Le Nao de Brown
Glyn Dillon
Akileos - 2012
204 pages
Prix Spécial du Jury, à l'occasion de la 40e édition du festival d'Angoulême
Dés sa sortie, j'avais repéré cet album. Cette couverture m'intriguait et grâce à PriceMinister, j'ai pu découvrir qui se cachait derrière cette machine à laver.
Il s'agit de Nao, une jeune femme métisse (un père japonais et une mère anglaise), vivant à Londres. Elle souffre de troubles obsessionnels. Ses pensées sont envahies par des rituels assez étranges, par des visions violentes et sa plus grande peur est de perdre le contrôle d'elle-même. Elle travaille avec un ami dans un magasin d'art toys et un jour, elle va rencontrer Gregory, réparateur de... machines à laver entre autre.
Pendant ma lecture, je me suis faite plusieurs fois cette réflexion: "Cette BD est un véritable OVNI, je vais avoir du mal à trouver les mots pour écrire mon billet." Je ne me suis pas trompée, j'ai passé des heures à mettre ces quelques phrases en ordre et à exprimer mon ressenti.
Mes premières impressions ne furent pas très positives. Le début m'ayant déroutée, j'ai bien cru que la lecture serait longue et difficile et puis, je me suis laissé porter par les petites anecdotes de la vie de Nao, l'ambiance japonaise et je n'ai pas vu le temps passer, c'était même assez agréable. Certains auteurs ont l'art de mettre un peu de légèreté là où on ne l'attend pas.
Parfois, j'ai ressenti comme une impression de flou artistique, l'histoire de Pictor par exemple, que l'on retrouve dans l'album par petites séquences, je serais incapable d'en parler. Les cadres spatio-temporels? Envolés! Mon attention s'est fixée uniquement sur Nao et sa machine à laver.
Malgré tout, j'ai apprécié cette ballade méditative, un peu triste, parfois cocasse, aux jolis graphismes à l'aquarelle. C'est un peu étrange mais c'est beau!
J'ai été touchée par le personnage de Nao, pas sa souffrance psychique, ses angoisses décuplées. Effrayée aussi par la déformation de son visage au moment des crises, par la violence de ses pulsions, je me demandais si elles n'allaient pas prendre le dessus.
Le dénouement m'est brutalement tombé dessus, inattendu mais il offre une perspective que j'ai trouvé intéressante.
Une expérience de lecture originale, qui ne conviendra pas à tous les lecteurs, mais qui mérite à mon avis d'être tentée et feuilletée.
Pas évident de lui mettre une note mais on me l'a demandé alors, je mets: 14/20.
Je partage cette phrase de BoDoï, qui me paraît très juste: "Voilà un livre relativement difficile d’accès, mais d’une vraie sincérité et d’une grande puissance émotionnelle pour peu qu’on réussisse à s’y immerger. "
Un grand merci aux organisateurs.