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rodney saint-eloi

  • Haïti Kenbe la!

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    35 secondes et mon pays à reconstruire

    Rodney Saint-Eloi

    Michel Lafon

    J'ai perdu l'habitude de lire des témoignages, et je suis encore plus réticente lorqu'il s'agit de récits de catastophes. J'ai toujours peur que ça tombe dans le voyeurisme, le pathos et compagnie, à la manière de la petite lucarne qui nous bombarde d'images chocs après chaque catastrophe.

    Mais lorsque les éditions Michel Lafon m'ont proposé ce roman en partenariat, je me suis laissée tenter et j'ai eu raison.

    Rodney Saint-Eloi arrive à Port-au-Prince, le 12 janvier 2009. Il fait parti des auteurs venus à Haïti pour participer à la deuxième édition du Festival Etonnants Voyageurs, ayant lieu dans différentes villes du pays. Vers 16h30, il est à l'hôtel quand la terre se met à trembler. Il sort indemne mais rien ne sera plus comme avant. "La terre a fait goudou-goudou". Rodney Saint-Eloi sillonne alors la ville et nous raconte Haïti après le séisme, son histoire. Il nous parle de ses souvenirs, de ses rencontres, de sa souffrance.

    "L'histoire du pays est une succession de séismes. Séismes naturels. Séismes humains".

    J'ai vraiment été touchée par ce témoignage. J'ai apprécié cette belle écriture, parfois poétique, franche, sans détour mais aussi la manière dont l'auteur nous décrit les évènements, nous parle de son pays avec les mots justes, qui touchent naturellement mais n'écoeurent pas. J'ai ressenti beaucoup de générosité à travers ce témoignage. De l'espoir aussi.

    J'aime aussi sa façon de parler des livres:

    "J'aime offrir des livres comme on offre de la nourriture et de l'eau aux sinistrés. En vérité, c'est le seul métier qui ait un sens à mes yeux. Celui de livraginaire, livreur d'imaginaires. Donner à manger la chair vive des mots comme des mangues mûres, on a ainsi l'impression de faire corps avec quelqu'un en ayant en partage la même somme de douleurs, d'amours et d'utopies. Un lien de mots, plus fort que le lien de sang, nous rend heureux dans la familiarité des livres. Quand je rencontre une personne qui lit les mêmes livres que moi, je sens que j'ai en face de moi un complice. Le monde a pour nous les mêmes fêlures, les mêmes mystères et les mêmes joies".

    C'est si vrai.

    On dirait aussi qu'une espèce de fatalité dans le malheur pèse sur le peuple haïtien. C'est assez révolant mais il y a une sorte de force en eux qui impose le respect et qui dit: C'est moche mais, c'est la vie et il faut bien se relever, continuer à vivre, à exister malgré tout. J'ose espérer que cette force est synonyme d'espoir.

    Comme écrit Yasmina Khadra dans la préface: "Il est une vérité qui nous venge de toutes les autres: toute chose a une fin, et aucun malheur n'est éternel."

    A méditer...

    Un grand merci à Silvana Bergonzi et aux éditions Michel Lafon qui m'ont permis de découvrir ce livre.