L'amour vous connaissez?
Vous l'aviez snobé l'an dernier? Et bien le revoilà!
Mon billet SF pour la Saint-Valentin est de retour et j'y tiens car ces nouvelles sont fort sympathiques et cette couverture, tellement romantique, rendez-vous avec Isaac Asimov. Pas besoin d'être en couple pour apprécier!
L'amour vous connaissez?
Isaac Asimov
Les nouvelles qui composent ce volume font parti du recueil américain Nightfall and other stories, publié sous le titre: Quand les ténèbres viendront.
J'ai beaucoup aimé lire les préfaces (de chaque nouvelle), apportant quelques anecdotes sur l'auteur ou sur le contexte dans lequel elles ont été écrites.
- Vide-C (1951): Un vaisseau terrien est abordé par un vaisseau ennemi (Kloro). Si les passagers ne veulent pas rester prisonniers de guerre pendant des années sur leur planète (à atmosphère de chlore), il va falloir trouver un plan. Un homme que rien ne destinait à l'aventure va risquer sa vie et sortir par le vide C. Mais qu'est ce qui peut bien motiver un acte héroïque de la sorte?
*vide c ou vide cadavre pour les enterrements dans l'espace
- En une juste cause (1951): Dick et Geoffrey sont deux amis, l'un se retrouve constamment en prison pour défendre ses idées, souhaitant que humanité s'unisse contre les Diaboli (une menace selon lui pour les terriens) alors que l'autre n'en voit pas l'utilité et gravit pendant ce temps les échelons du pouvoir mais au final, qui des deux restera dans l'histoire?
- Et si... (1952) La seule histoire d'amour d'Isaac Asimov d'après la préface! Un couple prend le train pour New York afin d'y fêter leur cinq ans de mariage. Ils discutent des circonstances de leur rencontre: "Si tu n'avais pas été dans le tramway ce jour-là, tu ne m'aurais probablement jamais rencontré. Alors, qu'est-ce que tu aurais fait?" Et si un homme étrange leur montrait le passé tel qu'il aurait pu être, dans une étrange plaque de verre...
- Sally (1953) Jacob Flokers possède une ferme pour les Automobiles Retraitée. Elles ont toute un nom, un sexe (mâle ou femelle), une personnalité et une certaine autonomie, ce sont des automatiques.
"Les automatiques avaient changé tout ça. Un cerveau positronique réagit beaucoup plus vite qu'un cerveau humain, bien entendu, et les gens avaient avantage à ne pas toucher aux commandes. On montait, on pressait des boutons pour indiquer sa direction, et la voiture partait toute seule."
Un agent commercial peu scrupuleux et dangereux, insiste pour qu'il vende ses moteurs mais il semble ignorer de quoi les véhicules sont capables...
- Personne ici, sauf... (1953) Bill Billings et Cliff Anderson sont deux ingénieurs électricien, ils ont conçu une machine à penser, Junior, qui semble devenir incontrôlablement intelligente. Il n'y a qu'un seul moyen: essayer de la déconnecter au laboratoire, au lieu d'aller au théâtre avec Mary Ann. Seule une diversion pourrait les aider à y parvenir.
- Quelle belle journée! (1954) Nous sommes en 2117, nous n'utilisons plus des portes traditionnelles mais des portes à coordonnées électroniques (il suffit d'entrer les coordonnées, de passer la porte pour se retrouver à l'endroit désiré). Suite à une panne de leur porte, Richard, 12 ans, est obligé de sortir par la porte de secours, pour se rendre chez les voisins et utiliser la leur, mais il va finalement se rendre à l'école à pied, chose impensable et découvrir le monde extérieur. Y prenant goût, plongeant dans l'inquiétude son entourage, sa mère finira par le conduire chez un psychiatre.
"Après tout, il y a un rebelle en chacun de nous, mais, en général, il meurt à mesure que nous grandissons et que nous vieillissons."
- L'amour vous connaissez? (1961) Deux êtres humains (un homme et une femme) ont été kidnappés par une créature scientifique extra-terrestre dans le but de les étudier, conscient qu'ils pourraient présenter une menace pour la galaxie mais ces deux là ne semblent pas vouloir "coopérer"...
"De plus, mon Capitaine, pour produire des petits, les deux formes doivent coopérer. "
J'ai passé un excellent moment de lecture. Ces nouvelles sont très agréables à lire, bien écrites et originales. J'ai juste été un peu gênée par quelques termes techniques dans Vide C, j'ignorais ce qu'était une thuyère, par exemple, mais je n'ai pas rencontré d'autres difficultés astronautiques, par la suite.
Sally et Personne ici, sauf... ont un dénouement inattendu qui fait froid dans le dos et nous font prendre conscience des dangers de l'intelligence artificielle. Malgré tout, j'avoue que ça me plairait d'avoir une voiture automatique qui puisse me conduire où je veux, sans avoir besoin de tourner le volant. L'auteur nous explique d'ailleurs les bienfaits d'une telle évolution, ça laisse pensif et puis c'est beau l'attachement que peut avoir Jake pour ses bolides.
La chute finale de Vide-C et de L'amour vous connaissez est plutôt humoristique. Cette dernière nouvelle est vraiment cocasse. La créature nommée Botax nous livre sa vision de l'être humain et de la science-fiction, il est un peu à côté de la plaque, c'est très drôle.
Dans Et si... et dans Quelle belle journée, ça se termine avec légèreté. J'ai beaucoup aimé ces deux nouvelles, l'une parce que voir ce qui se serait produit dans un passé hypothétique, c'est assez excitant comme concept et la seconde parce qu'elle montre un enfant qui s'écarte de la norme, en faisant quelque chose qui nous est familier, voir banale: passer par une porte, ça paraît absurde, et pourtant sous la plume d'Isaac Asimov, ça semble tout à fait crédible. Cet homme est un magicien!
Toutes ne parlent pas d'amour mais celles qui ont abordé le sujet sont à mon goût très réussies. La plupart nous font réfléchir, En une juste cause, est celle qui m'a le plus fait cogiter, la plus émouvante aussi.
Un recueil SF accessible, à mettre entre toutes les mains, par amour ou juste pour le plaisir de la lecture.
Lu dans le cadre du Challenge Geek.